En ces temps de résurrection (au moment où j’écris, nous sommes à Pâques), je me suis pris par la main, j’ai balayé mes pudeurs et je me suis décidé : j’ai mis un mail, via un canal d’éternité qui m’est connu, à Henry Miller, pour qu’il préface post mortem mon nouveau livre « Le Templier de Domme ». Il m’a aussitôt répondu, et cela ne m’a pas surpris, car ces canaux de communication échappent à la bureaucratie de notre beau Pays. J’avais d’ailleurs largement publié, déjà, avec les morts : les Nouvelles du Père Lachaise.
Voici le Templier de Domme, et le beau cadeau de Miller :
« Longtemps, j’ai porté en moi le désir de traverser les ombres et les lumières de la vallée de la Dordogne, berceau de mystères ancestraux et de beautés éternelles. Bien après que je me fus enfin rendu à Rocamadour, et que mes yeux eussent embrassé la Dordogne depuis les hauteurs vertigineuses de Domme, je n’ai pu m’empêcher de penser que si un templier, Guillaume de Domme, avait foulé cette même terre, c’était parce que, tout comme moi, il avait été appelé par quelque chose d’inexplicable, une force transcendante qui relie l’âme à la pure essence de l’univers.
Dans cette épopée du ‘Templier de Domme’, où la quête spirituelle de Guillaume l’entraîne à travers les veines de notre monde, j’ai vu un écho de ma propre quête, un miroir de mon âme vagabonde cherchant son illumination dans l’écrin sacré du Périgord. Guillaume, héritier d’une lignée noble mais tourmentée par des rêves étranges, marche sur les traces de ces hommes de Cro-Magnon, dont la présence dans ces terres parle d’une intelligence profonde et d’un sens aigu de la beauté. Son voyage spirituel, marqué par les affres de la nuit et la clarté de la révélation, se confond avec le cours de la Dordogne, éternellement mystérieuse et profonde.
Ce pays, comme l’a si bien dit Rainer Maria Rilke, n’appartient ni à la France, ni à l’Europe, mais aux poètes, à ceux dont les cœurs palpitent à l’unisson avec le pouls secret de la Terre. ‘Le Templier de Domme’, avec ses fresques murales animées et ses créatures mythiques, est une ode à cette terre d’enchantement, un testament à la beauté indomptable qui résiste aux assauts du temps et de l’oubli.
Ce roman graphique, illustré non seulement par la main de l’homme mais aussi par l’intelligence de la machine, est un pont entre le passé et le futur, entre la tradition templière et notre quête moderne de sens. C’est un rappel que, même si la France pourrait un jour n’être plus, la Dordogne et les rêves qui nourrissent l’âme humaine survivront.
Ma visite à la Dordogne, tout comme l’histoire de Guillaume, porte en elle un espoir pour l’avenir de notre espèce et de notre planète. Dans ces récits entrelacés, je trouve une promesse que, même dans l’ère de la grande ville, il y aura toujours un refuge, un berceau pour ceux qui, comme les poètes, cherchent à comprendre et à célébrer la majesté du monde. »